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Voici venu le temps de l’hiver et celui des fêtes

Aimez-vous l’hiver ?

Est-il pour vous synonyme de froid, de désagréments ? Cela évoque-t-il une pièce chaleureuse où vous blottir en famille, une balade dans le brouillard avec l’odeur pénétrante de terre, une tempête en bord de mer ? Attendez-vous avec impatience la préparation de Noël ou, au contraire, la redoutez-vous ?

Chez nous, c’est un moment de joie, d’activité intense, de partage, de silence et de rituels variés que j’aime particulièrement. Je suis pour moitié alsacienne et suis une passionnée de rituels, comme vous allez le constater.

Le calendrier de l’Avent, ouvert dans le calme du soir et des bougies, inaugure la saison. Cette année, pour nous donner du baume au cœur et nous féliciter des épreuves traversées, nous alternerons les douceurs habituelles avec des mots doux et des encouragements que chacun pourra savourer le soir venu.

Les festivités en Alsace commencent avec la Saint Nicolas, le 6 décembre. Vers 18 h, nous accueillons nos amis avec une table éclairée par des bougies. Nous partageons des manalas (petits pains briochés en forme de bonhomme), des mandarines, des fruits secs et nous buvons du chocolat chaud ou du thé. Grands et petits en redemandent !

Pendant ce temps, mon compagnon s’affaire en cuisine. Il réalise des pâtes pour les « petits gâteaux de Noël » alsaciens ainsi que des confitures, à partir de fruits récoltés l’été et congelés. Tous ensemble et parfois avec des enfants du voisinage, nous façonnons et décorons ces petits gâteaux aux formes multiples. La maison embaume de mille et un parfums.

Cette atmosphère créative me rappelle des souvenirs d’enfance où les dimanches gris se transformaient en ruche familiale ! Aujourd’hui encore, ma famille fabrique une partie des cadeaux.

Ma belle-sœur savonnière et ma sœur artiste offrent leurs nouveautés et mes parents fabriquent des jouets. Ainsi ma mère a inventé un jeu de l’oie pour notre fils mêlant photos de famille, engins de chantier et personnages de Starwars, un grand succès au hit-parade de nos jeux.

Quand il était petit, nous allions à la fête de l’Ecole Steiner près de chez nous. Nous goûtions le monde merveilleux des couleurs et des petits lutins et achetions bougies en cire d’abeille et fées en laine bouillie. Nous y avons découvert deux livres « De l’automne à l’hiver »[i] et « Tumettote et le renard »[ii],devenus des fétiches, que je vous recommande avec plaisir ! Ils sont toujours dans la chambre de notre fils de 11 ans qui les relit encore !

Pour la décoration, nous sommes dans une démarche écologique. Nous utilisons plutôt du bois, du verre, du carton, des rubans et de la laine. Nous dessinons sur les fenêtres avec du blanc de Meudon qui se nettoie facilement. Nous allons en montagne à la recherche de glands, châtaignes, branches, et mousse. Un jour, en croisant une coupe de bois, nous avons récupéré une cime qui est devenue notre sapin.

Dans notre société, nous avons tendance à oublier que le sapin est vivant. Ainsi, au moment de le faire entrer chez nous, nous adoptons une coutume amérindienne en l’accueillant et en le remerciant de « s’être donné » à nous. Ce peuple va généralement choisir un arbre dans la forêt, l’honore et le coupe après moultes cérémonies car il le considère comme sacré.

Quelques jours avant Noël, le solstice d’hiver nous invite à nous reconnecter à la nature, à l’ombre et à la lumière, aux saisons. Nous entrons dans l’hiver, la période de dormance des plantes et d’hibernation de certains animaux. C’est le moment de faire une pause ou de ralentir et de nous engager sur le chemin de la lumière intérieure, de l’introspection, de la régénération. Au milieu des préparatifs et des fêtes, ce n’est pas toujours facile de s’extraire du mouvement. S’offrir des moments sacrés d’intériorité ainsi qu’à sa famille est pourtant précieux.

Toutes les sociétés traditionnelles fêtent le solstice d’hiver. Dans les sociétés nordiques ou amérindiennes, la nuit la plus longue de l’année, impressionnante, se traverse avec des danses, des chants et un feu sacré veillé toute la nuit. Cette célébration de la lumière et du soleil annonce des jours meilleurs. On passe d’une mort symbolique à une renaissance, quand le soleil se lève enfin. Pour les Celtes, le roi Chêne (la lumière) combat le roi Houx (l’ombre). Ces derniers pensaient que le soleil s’immobilisait pendant 12 jours. Une bûche de chêne restait allumée pour conjurer les ténèbres. C’était aussi le moment de la récolte du gui par les druides.

Ces considérations vous paraissent peut-être lointaines…, que diriez-vous de vivre ce solstice à votre façon ? Vous habitez à la campagne ou près d’un bois, vous avez un jardin ? Si vous organisiez une soirée au feu de bois, ou encore une balade de nuit avec un grand feu au retour ? Vous êtes en ville ? Pourquoi ne pas aller récupérer une buche ou en achetez une pour la décorer et y coller des bougies régulièrement remplacées. Une autre possibilité serait d’exprimer votre gratitude à la Terre, à la Vie qui se renouvelle, au Soleil. Chez nous, nous jouons du tambour, à tour de rôle, pour célébrer ce passage.

Lors de cette soirée ou d’une journée calme des vacances, vous pourriez décider de faire, en famille, le bilan des mois écoulés, des beaux moments, des moins agréables, des difficultés et partager vos espoirs et vos envies pour l’année à venir. Dans notre famille, nous faisons parfois un feu dans lequel nous brûlons ce dont nous voulons nous débarrasser. Nous écrivons ensuite nos intentions que nous confions à l’Univers pour la nouvelle année.

Pour Noël, chez mes parents, nous écoutons du Bach et chez ma belle-mère, nous chantons ! Chacun a ses traditions !

Le 1er jour de l’année, nous avons pour habitude de randonner vers les sommets pour nous nourrir du paysage et nous projeter dans l’avenir. Une année, j’ai réalisé une courte marche de vision[iii]. Cette pratique est une forme simplifiée de la « quête de vision » chère aux amérindiens. Il s’agit de poser une intention ou une question à l’Univers et de laisser les réponses arriver. Les racines d’un arbre m’ont ainsi inspirée.

J’aime à penser que nous sommes acteurs de nos vies et montrer à notre fils que les rituels peuvent rythmer le quotidien et nous soutenir.

Au terme de ce voyage hivernal, je vous souhaite de belles expériences familiales !

 

[i] de Pierre Lienhard et Lidwien van Geffen

[ii] de Astrid Lindgren et Harald Wiberg

[iii] La marche de vision, Brandt Morgan